top of page

Mai 1964
Le jour de ma convocation à la base école d’Auxerre (Yonne) nous sommes 1200 appelés et 2.seulement iront à Reggan.
Pendant les cours sur la MAT 49 notre lieutenant de la 8ème Compagnie vient nous informer de notre affectation.
Il annonce les affectations des uns et des autres, et enfin deux noms sont prononcés : MEUNIER et LACOUR à Reggan … sans plus de précision.
Je regarde autour de moi afin d’identifier le nommé MEUNIER. Un regard dans ma direction me fait comprendre que c’est lui.
Le lieutenant termine la liste des affectations.
Je lève la main et je lui demande où se situe Reggan ?
Ce dernier me répond « je ne connais pas cette base ! ».
A la fin des cours, vers 17 heures, nous avons quartier libre. Avec Meunier nous faisons le tour de la caserne afin d’essayer d’obtenir des renseignements sur ce lieu géographique, en interrogeant les sous-officiers et les officiers. Personne n’est en mesure de nous renseigner ne sachant pas où ce lieu se situe. Et le dernier interrogé, un adjudant-chef nous dit «  je crois savoir que cette base se situe dans le Sahara ».
Pour moi, c’est comme les Gaulois, le ciel me tombe sur la tête : je n’aime pas le soleil et encore moins la chaleur ! 

 

1ère Anecdote Reggan début juillet 1964
Pour ma part, je suis affecté à la sécurité aérienne alors que MEUNIER est affecté aux services techniques.
Nous sommes 23 appelés et 24 sous-officiers (sergent, sergent chef, adjudant, adjudant chef etc.) et cet effectif permet au DSA (Détachement Support Aérien 167) de fonctionner 24 heures sur 24.

Je suis de temps en temps, de permanence à la tour de contrôle (j’adorais ce poste mais il était réservé aux sous-officiers) entre temps MEUNIER qui est devenu mon copain, est muté chez les pompiers pour raisons disciplinaires. Il s’ennuie et aimerait bien (quand je suis de permanence à la tour de contrôle) de faire exercices «  incendie ».
Quelquefois, j’ai donc fait des « alertes » : si mon copain est satisfait, l’adjudant chef des services techniques l’est moins, à cause de la dégradation du matériel impliqué dans cet exercice. Un jour, j’ai fait une alerte incendie devant son bureau. De la tour de contrôle j’observe aux jumelles l’exercice, c’est alors que j’ai vu l’adjudant chef sortir de son bureau en me menaçant du poing !!!

 

2ème
Un matin nous avons une EVASAN (Evacuation Sanitaire Aérienne). Un blessé grave est à évacuer sur Colomb Béchar par un avion type C47 Dakota affrété spécialement pour le rapatriement. L’équipe technique installe le blessé dans l’avion (celui-ci est accompagné de plusieurs militaires). L’avion commence à prendre le taxiway. Je suis resté dehors avec l’adjudant chef de l’escale, et ce dernier se pose la question de savoir si en cas de difficultés majeurs lors d’un décollage ou d’un atterrissage, ils seraient suffisamment efficaces et rapides. Je lui réponds que pour ma part, je n’en doute pas un seul instant d’autant que mon copain MEUNIER est avec eux.
Le récit ci-dessous confirmera effectivement leur efficacité. Le C47 commence à prendre de la vitesse et la queue de l’appareil se lève quand brutalement sans raison apparente l’avion effectue un virage à 90° et sort de la piste et évite par miracle de gros rochers qui se trouvaient là. La catastrophe est évitée de justesse.
Les pompiers ont réagi immédiatement et sont déjà sur la piste toutes sirènes hurlantes, ce qui confirme leur efficacité pour laquelle l’adjudant chef se posait la question.
Pour ma part, je monte dans la jeep à ma disposition (voir la photo de l’escale, et de la jeep, voir sur Reggan Plateau les bureaux numéro 1) et j’arrive au pied de l’appareil immobilisé. Les pilotes et les passagers accompagnés du blessé sortent de l’appareil « blanc comme un frigo ». Je demande au pilote ce qui s’est passé, il me réponds ne pas savoir ce qui s’est produit. L’équipe technique devra désensabler l’appareil afin de lui permettre de repartir.
L’avion a reprit son envol peu de temps après, dans de bonnes conditions cette fois. Finalement plus de peur que de mal !! (voir les photos du C47)

 

3ème 
Un dimanche matin, j’arrive à mon bureau pas rasé. L’adjudant de l’escale me demande « Alors LACOUR, ce matin vous vous êtes rasé avec la peau de mes couilles » je réponds « oui, mon adjudant » et je me sauve à toutes jambes car il veut me foutre un coup de pied aux fesses !
Sous des aspects bourrus, cet adjudant était très gentil et compréhensif.

 

4ème
Mon principal travail consiste à recevoir et valider des plans de vols.
Un jour, un commandant dépose un plan de vol pour Colomb Béchar. Je contrôle que son plan de vol est conforme aux règles de sécurité et je m’aperçois que l’appareil doit franchir une montagne, et que le plan de vol ne prévoit que 300 mètres d’altitude alors qu’il faut prévoir 600 mètres.
Je suis gêné de devoir faire une remarque à un supérieur hiérarchique et pourtant je ne peux faire autrement. Mais celui-ci refait sans problème un nouveau plan de vol et me félicite d’avoir été vigilent dans le contrôle de son plan de vols.

 

5ème
Lors du départ d’un officier (capitaine) de la légion pour une autre affectation il y a toujours un rituel.
L’officier est habillé en 2ème classe et d’un képi blanc, avec une musette contenant 1 litre de vin rouge, un saucisson et un pain.
Le départ est toujours copieusement arrosé !
Ce jour là, l’officier a « du mal » à monter dans l’avion, aussi l’équipe de chargement vient à la rescousse et lui apporte son aide.
Quelques heures plus tard nous recevons un message de Colomb Béchard et qui se demande si le capitaine a bien pris l’avion ?
Nous répondons « Oui il a bien pris l’avion ».
Nouveau message «Nous n’avons pas vu de capitaine, mais un légionnaire 2ème classe se trouvant dans l’avion. Il était ivre et nous l’avons mis en prison ».
Nous répondons « Vous avez mis le Capitaine en prison ! ».
Nous n’avons pas eu connaissance de la fin de l’histoire……………à suivre...

 

6ème
Les sous-off reçoivent l'ordre de détruire les véhicules réformés. Les véhicules son "balancés" du haut de la falaise et mis à feu avec des grenades incendiaires. Et malheureusement, quelques temps plus tard, il y a eu un besoin de pièces détachées, dont un pont GMC. Il a fallu alors remonter à dos d'hommes ce pont qui se trouvait au pied de la falaise!...(voir photo)

 

7ème
Au mois de janvier, des pluies torrentielles se sont abattues sur REGGAN et les bâtiments n'étant pas adaptés à ces précipitations, je me suis retrouvé avec 6 centimètres d'eau dans ma chambre et une température à 8°, et cela pendant une huitaine de jours. En effet, j'avais la seule chambre dont la pente se trouvait située à l'inverse de la sortie (impossible d'évacuer l'eau) et je ne pouvais changer de chambre puisque le téléphone se trouvait et dans mon bureau et dans ma chambre, et qu'il fallait continuer à assurer le service 24h/24 et la prise en charge des messages des plans de vol des avions.
La première nuit, j'ai eu un départ d'avion à 3 heures du matin, et j'ai complètement oublié cette eau, j'ai pris un bon bain de pied ce qui a eu pour effet...un réveil immédiat! J'ai demandé à l'adjudant chef NOILLAC des services techniques, un radiateur électrique afin de réchauffer l'atmosphère. Il me dit <<LACOUR, vous voulez jouer à la chaise électrique?>>. J'ai donc dû supporter l'eau et le froid pendant un certain temps...

 

8ème
Nous avons envoyé à la <<casse>> tous les camions et les cars réformés, et un seul GMC a été conservé pour transporter le matériel, et le soir nous conduire au cinéma.
Ce GMC nous faisait quelques caprices dus à son âge. En effet, chaque soir pour les déplacements au cinéma, le chauffeur garait celui-ci comme tous les autres camions face au cinéma :
mais faisait encore quelques caprices pour le retour, il ne voulait plus démarrer. Il fallait donc reculer afin de le remettre dans le sens de la marche et ensuite le pousser pour
qu'il accepte de redémarrer. Après 2 ou 3 fois, la légion nous dit de nous garer d'une autre façon, afin qu'un dodge leur appartenant puisse nous pousser,*
et cela s'estproduit très très souvent parce que le GMC a toujours refusé de redémarrer...

Un autre soir, alors que nous partions au cinéma, le chauffeur du GMC a pris un virage un peu trop vite, devant le local où était entreposé les poubelles,
et a dérapé sur le sable. Le GMC en heurtant le mur à provoqué de multiples étincelles au niveau du réservoir, et alors... plus fort que les commandos,
que la légion et les paras, nous avons sauté du camion en marche plus vite que l'éclair croyant que celui-ci allait exploser.
Finalement rien ne se passe... et nous repartons au cinéma!

 

9ème 
Nous dépendons pour la nourriture et les soins de la Légion. Un jour, nous sommes convoqués pour le rappel du vaccin T.A.B.D.T. Nous sommes au nombre de huit, assis sur un banc, torse nu.
Le premier infirmier nous badigeonne l'épaule, le second enfonce l'aiguille et le troisième visse la seringue sur l'aiguille et injecte le vaccin.
Arrivée à mon tour, l'infirmier ne trouve rien de mieux que de casser l'aiguille dans mon épaule. Je ressens une vive douleur, mais il me dit tout tranquillement en jargon franco-allemand <<ce n'est rien, je vais chercher une pince pour retirer l'aiguille>>. Je devais ce jour là, être chef de poste, et j'ai toujours regretté ce contre temps!!!

 

10ème
Moi qui sui un passionné des fusées et des missiles, j’ai eu la chance d’assister au tir de 3 fusées Centaure.
Le premier tir a eu lieu le jeudi 05.11.1964 à 17 h 40, le deuxième tire à 22 h 50 et je suis monté à la tour de contrôle voir le tir, et le lendemain, je me suis levé de bonne heure pour assister au troisième tir le vendredi 06.11.1964 à 5 h 29.
Ce fut des moments magnifiques pour un passionné comme moi !

 

11ème
Jean-Jacques BOMPARD (classe 1959, sursitaire, incorporé (après un report de 3 mois cause apte EOR) le 3 février 1964 sur la base aérienne d'Orléans-Bricy, arrivé à Reggan le 4 mai 1964, retour à son domicile le 14 avril 1965; Grade: Caporal).

Une arrivée inattendue et mémorable
Désigné d'office pour être affecté à Reggan (détachement de l'Armée de l'Air), je quittais Le Bourget (en Nord 2501) le 4 mai dans la fraîcheur du matin. Après une escale à Bou Sfer et un vol vers Reggan dans un ciel rendu opaque par d'impressionnants vents de sable, nous arrivâmes sur place dans l'après midi. J'étais accompagné d'un appelé de Vichy (ancien employé dans le BTP de Guy Ligier…avant la F1) . A l'époque le site de Reggan avait été désaffecté depuis quelques mois (dernière expérience nucléaire en avril 1961). Sur place étaient cantonnés le 1er et le 2ème REP (dissous), des éléments des Bat' d'Af (bataillons d'Afrique) et un petit détachement de l'Armée de l'Air (environ 20 personnes ).
Prés de l'escale aérienne, la plupart des bâtiments de séjour avaient déjà été rasés ; on rapatriait certains biens (armoires de soldats, par exemple), on en réformait d'autres sur place (véhicules) et on assurait la maintenance de la piste. En vérité, nous n'étions pas vraiment attendus à notre arrivée, et on nous désigna comme logement de "fortune" une baraque Fillod , proche du hangar de piste. Nous y trouvâmes 2 lits dont les draps, couleur "chocolat", témoignaient d'un usage antérieur aussi ancien qu'intensif. Nous n'avions pas le choix. Eprouvés par le changement de température, rapidement couchés, nous nous aperçûmes bien vite que les lieux étaient infestés de punaises. Je découvrais, alors, sur le rebord du hublot de la baraque un gros morceau de Persavon abandonné avec lequel, pendant toute la nuit, j'écrasais soigneusement quantité de punaises. La seconde nuit fut également blanche et consacrée à la même et salutaire activité. La troisième nuit, épuisés l'un et l'autre, nous nous sommes endormis.
Au petit matin,je portais les traces de 84 piqûres de punaises et mon compagnon à peu prés autant. Je résistais à l'envie impérieuse de me gratter ce que ne fit pas mon voisin qui conserva pendant plusieurs semaines, de vilaines croûtes .Le lendemain, ayant trouvé un bidon de DDT nous en avons enduit nos couches (de chaque coté des draps), ce qui fut assez efficace.
Inquiets pour notre santé, nous avons obtenu, deux jours plus tard, de nous installer, tout à coté, dans les chambres inoccupées d'une aile en dur jouxtant le hangar avion.
Le premier travail consista à désinfecter les lieux, plus tard à remettre en route l'humidificateur . C'est dans cette chambre que j'ai vécu seul pendant 11mois dans ce qu'il était convenu d'appeler un certain confort. Lorsque vers le mois de juillet 1964 d'autres appelés nous rejoignirent des chambres en dur, proches de la mienne, furent immédiatement disponibles pour les accueillir.(voir photos)

Des activités diverses et originales
Diplômé de l'enseignement supérieur(Droit, Sciences-po) on aurait pu m'attendre dans un bureau .Il n'en fût rien. A mon arrivée, l'Adjudant commandant notre petit groupe attendait "un météo". Voilà comment après un apprentissage sur le tas de quelques rudiments (le ciel en 8èmes etc..), je tins ce poste quelques jours avant d'être appelé à bien d'autres activités : Déménagements de matériels et de mobilier par des températures à couper le souffle (avec un chauffeur de la Légion et 2ou 3 autochtones venus de la palmeraie voisine), électricien auto (ah! l'acide des batteries), magasinier (habillement, outillage, pièces détachées autos et avions) émission des bons (modèle19) pour l'avitaillement des avions, surveillance des groupes électrogènes (assurant notamment l'éclairage de la piste -réveil assuré à toutes heures!).
Curieusement, j'étais le seul à savoir cercler des caisses avec du feuillard métal .Certains en abusèrent en m'ordonnant de cercler certaines caisses au contenu improbable et de les charger à bord des aéronefs. Ainsi, mes "talents" ayant été largement utilisés, je conserve un bon souvenir des expériences que l'Armée m'a permis de faire. Pour le reste, tous les après midi (13h-17h) étaient consacrés à la sieste. J'ai essayé longtemps de m'en affranchir, mais au bout de quelques mois, la nature m'imposa d'y avoir recours plusieurs fois dans la semaine..
Enfin, puisque nous avions la possibilité de le faire (où partir?), j'effectuais de temps en temps avant le lever du soleil, des promenades solitaires dans le désert plutôt en direction du Sud-est bien au-delà du plateau de Reggan (dunes, bois pétrifié, roses des sables, marabouts isolés et autres découvertes etc…voir photos ..) Même à ces heures clémentes de la journée, il fallait prévoir une bonne provision d'eau, la norme, en ce qui me concerne, ayant toujours été d'au moins 14 litres par jour.

Réparer la tôle froissée d'un aéronef
Début 1965, l' IGN effectuait des relevés cartographiques au Sahara au moyen d'un Hurel Dubois HD 34 (12 heures d'autonomie de vol, roulette de nez décalée pour laisser la place à des caméras) .Un jour, malencontreusement, le chauffeur d'un chariot élévateur heurta l'empennage (vertical triple)du HD 34 , le bord d'attaque de l'élément arrière gauche étant enfoncé sur quelque 50 centimètres de longueur . Considérant les dégâts avec le pilote, je lui indiquais que je disposais (au magasin )de tôles d'aluminium. Il accepta ma proposition de tenter une réparation. En fin d'après midi, j'avais terminé de remplacer la partie accidentée par une tôle formée à la main et fixée avec de petites vis parker et des rondelles éventail. Le travail semblant satisfaire le pilote, il effectua un essai en vol d'environ une demie heure. A son retour, il me déclara "Il y a bien quelques petites vibrations,mais nous allons pouvoir rentrer." Le lendemain,un message arrivait de France, tout s'était bien passé.

Des compagnons du règne animal
Peu après mon arrivée,je découvrais une chatte grise (d'où venait elle?) je l'adoptais. Je l'appelais "Sylvie", c'était l'époque. Un peu plus tard, elle mit au monde 2 chatons (p'tit chat et kiki) que je conservais. Ils furent mes compagnons pendant le reste de mon séjour.

Un jour, l'un des autochtones vivant dans la palmeraie voisine, avec lequel je travaillais, nous proposa un fennec qu'il avait capturé .Nous le prîmes en charge avec un autre appelé. L'animal, déjà adulte, était récalcitrant .Néanmoins, pour lui permettre de s'ébattre, nous lui avions mis un collier et une ficelle de quelques 50 ou 60 mètres, ce qui nous permettait de le faire courir. Arrivé au bout de la corde, nous le ramenions "de force" en direction du local. pensant, ainsi, le dresser. Un jour, nous vîmes qu'il continuait à courir : la corde avait cassé.

Une autre fois, un autochtone de la palmeraie me présenta un gros scorpion brun foncé (le plus redouté). Placé pendant plus d'un mois dans un boite métallique au sommet de l'armoire de ma chambre, nous nous sommes aperçus que la capacité de survie de cette espèce n'était pas une légende. Un mois après ,donc, il "tournait comme un avion" sur les bords du lavabo dans lequel on l'avait mis, crachant à "la demande" son venin aux couleurs du sirop d'orgeat.

D'autres avaient récupéré des iguanes du désert . Ce ne fut pas mon cas. Ils partageaient la vie des appelés y compris dans leur lit. Un officier médecin de passage battit un jour en retraite, effrayé, après avoir ouvert la porte de la chambre qui accueillait principalement cette "population" qui menait une existence contemplative.

Du ski dans les dunes Au hasard de mes promenades, j'avais découvert, près du bordj de Reggan, une paire de skis en bois de frêne fabriquée au début des années 30. Equipé de Pataugas en guise de chaussures de ski ,j'obtenais d'essayer ces skis sur les dunes au sud ouest du plateau . L'illusion de la glisse entretenue sur la pente par le roulement du sable cessait brutalement dès que la pente s'adoucissait. Je ne fis pas d'autres essais;
En 1984, je rencontrais Roger Frison Roche qui avait emmené des skis dans le Sahara dans ces années 30.et raconté son histoire .dans un livre bien connu. "Ce n'étaient pas mes skis, me dit-il, les miens étaient en métal". Il en résulte que ces skis avaient été abandonnés ,là , par des méharistes qui effectuaient, alors, un raid entre la Mauritanie et l'Est du Sahara. Les hommes du désert les avaient conservés précieusement, en souvenir.

Une belle suite à ce souvenir
Le 14 decembre 2009,je reçois un appel télephonique de quelqu'un qui m'était inconnu : je m'appelle Gérard Bourdaud ; Est ce vous qui aviez des chats à Reggane ? 
Arrivé à Reggane en juin 1966 , G.Bourdaud avait découvert une petite chatte noire  répondant au nom de Kiki ; Blessée avec une fracture  à deux pattes mais bien réparée elle avait été trouvée au pied d'un bâtiment de le légion et fût bien soignée."
L'ayant adopté  G.Bourdaud partagea plusieurs mois avec cette compagne ,puis,  réussit à emmener la chatte en France lors de  son retour au mois de mai 1967.  kIKI avait,alors, un plus de 2 ans et demi et vécut encore 10 ans chez son maître adoptif . Une belle histoire pour une petite  chatte saharienne née sous un lit de militaire au milieu du désert.

Le désert noyé sous l'eau
Reggan est situé au nord de Tanezrouft, une des régions les plus arides du monde. En Janvier 1965, un phénomène d'une extrême rareté s'est produit : le désert était complètement inondé. Sous l'étendue de sable, il y a, en effet, une couche de latérite qui fait obstacle à l'absorption de l'eau. Des pluies très abondantes s'étant produites, une fois le sable imprégné, elles avaient entraîné la formation de vastes étendues d'eau, au total plusieurs kilomètres carrés (voir photos). Des oiseaux migrateurs avaient accompagné ces précipitations, les camions s'enfonçaient jusqu'aux essieux dans le sol devenu sans consistance, des avions civils algériens avaient été déroutés sur le plateau la piste non revêtue d'In Salah étant devenue impraticable.
Il fallut plus de deux semaines de soleil pour que l'eau s'évapora. Le désert est alors apparu sur de grandes surfaces recouvert d'une couche blanche éclatante, un peu comme de la neige ou du givre. Il s'agissait de sel, témoin de l'époque où le désert avait connu la mer. En quelques jours le vent, toujours très actif, en effaça toutes traces.

 

12ème
Ballet improvisé entre un camion et une 403
Mission nous avait été donnée de récupérer des affaires au Bordj de Reggan. Ce transport nécessitait un véhicule utilitaire.Le chauffeur ne disposant d'aucun véhicule, je lui indiquais qu'un camion en stationnement de longue date me paraissait en état. Il s'agissait d'un Citroën U 23 type 1960/1963, à ridelles à plateau et cabine semi avancée à moteur essence ID 19. Je faisais mon affaire de lui mettre une batterie rechargée et dans un joli bruit, le moteur se remit en route.
Nous emmenions avec nous 2 hommes de la palmeraie pour nous aider;ils s'installèrent sur le plateau. A peine partis, nous constatâmes que la cabine du camion s'était remplie de sable au cours de son immobilisation .qui volait de partout dans la cabine. Je proposais au chauffeur d'ouvrir les vitres et de donner des grands coups de volants à droite et à gauche pour secouer le sable et le faire partir, ce qui n'était pas sans effet. Par le hublot de la cabine j'observais que les 2 hommes bien accrochés à l'arrière sur le plateau riaient à gorge déployée. Cet exercice de zigzags se poursuivit le reste du parcours . En arrivant à Reggan ,un 403 Peugeot s'immobilisa brutalement à côté de nous. De l'arrière ,descendit fou furieux un colonel (Armée de terre ou Transport) qui me dit "c'est vous le responsable!",oui,mon Colonel.."Voilà 7 kilomètres que mon chauffeur essaye de vous doubler et chaque fois vous donnez un coup de volant à gauche pour l'empêcher de passer! Je vais vous foutre un mois au départ !" Nous comprenions mieux le rire de nos 2 aides. J'expliquais les circonstances à mon chef et comme il n'y avait pas de taule, cette épisode se solda par une réprimande .

Souvenirs de François Ziegler

Après mon incorporation et mes classes à Mourmelon je suis envoyé au fort de Saint CYR pour une formation à la météorologie

J’obtiens cette qualification d’aide météo contre mon gré ayant volontairement saboté l’examen de fin de stage, cependant pour fournir tous les postes disponibles le jury prends la décision de m’attribuer cette qualification (CAS aide –météo N° 3576) et m’attribue le poste à Reggan SAHARA (ancienne BA 167) qui assurait la logistique aux essais Nucléaire de la bombe atomique Française. Les accords d’Evian permettaient la continuité de ces activités en essais souterrain dans le Hoggar jusqu’au transfert à Mururoa Polynésie Française.

Les explosions n’étant plus aérienne mais souterraine dans le Hoggar à in Amguel près de Tamanrasset.

J’arrive à Reggan un lundi soir 14 décembre 1964 vers 21h après un voyage de 12h en Nord Atlas 2501 par le vol régulier militaire hebdomadaire qui desservait la base à la métropole. 

Le lendemain après une nuit inconfortable dans une chambrée de 6 lits je suis présenté au chef du DSA 50/167 le Lieutenant BERTHOME* (homme autoritaire, un véritable dictateur qui ne pensait qu’à sa carrière et au prestige d’une époque révolue celle de la colonisation qui réduisait les populations à un esclavage moderne).et au chef de la station Météo l’Adjudant-Chef Lotriant.

Le mercredi je suis initié aux fonctions qui me seront demandées : relevés météo de la station extérieure à heures régulières et envoi du message codé en code Q international météo à la station centralisatrice de Colomb-Béchar, et donner les infos au contrôleur aérien en service à la tour de contrôle. Le service était une permanence de 24h avec présence au bureau aux heures d’ouvertures et être prêt à assurer le travail en cas de trafic aérien en dehors des heures … nous avions le régime de travail des personnels civil de météo France.

Notre détachement de l’aviation composé d’une trentaine de personnels appelés et encadrement voir la photo de Gérard sur le tarmac, il y avait présent sur le site une compagnie de la Légion étrangère, un détachement de la Cilla (Compagnie infanterie légère d’Afrique) BADAF ; un détachement des sévices Essences, un détachement Radio, et un détachement du Train. La Légion assurant la sécurité et l’intendance et les services techniques, (eau électricité, infirmerie, etc….

La vie était vite monotone car nous étions en pays étranger et nous n’avion théoriquement interdiction de ce vaste périmètre qui autrefois devais grouiller de vie avec les personnels dévolus à la mise au point de la bombe nucléaire Française.

J’ai été sollicité pour faire partie de l’équipe de foot, mais je n’ai pas donné suite car jouer sur les cailloux ne me disait rien, entre deux astreinte j’avais beaucoup de temps libre ce qui m’a valu d’être sollicité pour être gérant du bar de l’escale qui était le seul point de vente d’alcool pouvant être ouvert à tout heure du jour ou de la nuit en cas de trafic aérien annoncé ; mais ouvert tous les jours de 10h30 à 12h et de 17h30 à 18h30, l’eau pour le Ricard et autres anisés était de l’eau d’Evian car l’eau puisée en sous-sol était de l’eau magnésienne au goût salé ; pas très agréable au goût et à laquelle il fallait s’habituer.

Les locaux de l’aviation, l’escale était entretenue à l’intérieur par un algérien HAMED qui habitait un hameau palmeraie de Reggan à 2 km.

A peu près tous les soirs il y avait cinéma une grande et belle salle à faire pâlir certaines salles de la métropole è l’époque, nous allions aussi à la piscine aux jours et heures définis entre les différents services présents.

Le vendredi soir un Nord Atlas 2501 venait assurer depuis la métropole une permanence en cas de besoin d’évacuation sanitaire d’urgence vers l’hôpital sur Colomb-Béchar (EVASAN) nous aimions bien ce moment car nous avions le plaisir de voir une femme (infirmière) dans notre environnement d’hommes.

J’avais décidé de ne pas demander de permission pendant tout mon service pour cumuler ce mois auquel nous avions droit en permission libérable, mais j’avais la nostalgie de la France alors j’ai appris qu’au mois de Mai il y avait la possibilité de participer au pélerinage militaire international de Lourdes , je me suis inscrit et pendant une huitaine de jour je suis donc revenu sur la métropole voir les hommes, les femmes, la civilisation, l’herbe verte , les vaches…..etc. … ce fut un temps fort, grâce à la religion , mais qui a failli couter la vie au groupe venu d’Algérie en avion C47 Dakota

En effet à l’atterrissage à Tarbes ou à Pau un incident au niveau du train d’atterrissage a causé un énorme souci aux pilotes et il nous a fallu plus d’une heure pour épuiser le carburant et nous dérouter sur Toulouse afin de trouver un aérodrome capable de traiter un éventuel crash …. Cependant le mécano de l’équipage s’est souvenu qu’un système manuel pouvait être activé il a donc sorti le train d’atterrissage à la pompe à main en espérant qu’il se verrouille.

Nous avons donc vécus des instants stressant ou nous étions accompagnés par les véhicules incendie des services de sécurité mais à notre grand soulagement le système s’est révélé opérationnel d’où la photo souvenir du groupe devant le C47 nous «étions tous des (miraculés).

A mon retour, je suis tombé malade car il faisait froid à Lourdes et il pleuvait, 15 jours de bronchite qui avait du mal à guérir vu les chauds et froids constants entre l’extérieur + de 35° et l’intérieur 22° / 25°.

Les jours se passent monotones quelques petits incidents : un jour le personnel du garage venait préparer un nord 2501 pour le décollage et le conducteur du tracteur de la citerne d’huile-moteur fait une fausse manœuvre et renverse sa citerne…

L’adjudant chef d’escale bat le rappel des hommes dispo pour venir recouvrir l’huile de sable il y en avait de quoi faire mais l’espace était restreint et comme une huitaine de gars s’affairaient avec des pelles, et comme j’étais de service à la météo je les regardaient travailler cela a eu pour effet de faire entrer l’adjudant dans une colère rouge qui explose et me dit de les aider…. Ok je prends donc une pelle mais comme tous les matins il y avait un fort vent et les copains s’étaient placés vent dans le dos abrités par l’angle du bâtiment de l’escale afin d’éviter le sable dans les yeux pour ma part il n’y avait pas de place pour travailler à leurs côtés ,n’ayant pas le choix j’ai vu un seul endroit possible pour obéir et en lançant le sable sur la tache d’huile j’ai dû soulever ma pelle assez haut et le vent conjugué à mon geste a eu pour effet de projeter du sable dans la figure du juteux ce qui l’a encore mis plus en colère et qu’il m’a renvoyer au bureau avec interdiction de les regarder travailler.

Et puis lorsque toi Gérard tu as faits durer ta permission à Châteauroux pour maladie le lieut. A piqué une rage folle , je crois que tu avais de la Famille un oncle officier et qu’en réalité tu restais en France pour soucis familliaux , j’avais réussi à voir sur le bureau du lieut, et je t’avais prévenu par courrier qu’il cherchait à te faire rentrer …bref … lorsque tu es arrivé à Reggan qu’il t’as puni te faisant faire des trous dans le sable en plein soleil et autres punitions toutes autant inhumaine , proche de ce que j’appellerai de l’oppression limite de la torture… et que quelques temps après , en Septembre il a réuni l’ensemble des effectifs pour donner les nomination de fin de période et que il avait réussi à savoir que j’avais échangé des infos il m’a passé un savon horrible devant tous et qu’il a décidé de refuser ma distinction de 1ère classe bref , il n’est pas allé plus loin , un mois après j’étais sur le départ le 26 Octobre 1965 bénéficiant deux mois de permission libérable .

Ouf vive la quille .

 

j’avais la nostalgie de savoir ce que chacun était devenu jusqu’au jour ou je suis tombé sur ton diaporama et qu’enfin je puisse communiquer sur ces souvenirs de jeunesse .

Merci Gérard d’avoir su garder vivant ce temps de nos vies.

Et merci pour le cadeau que tu m’as fait de me donner le double de tes archives Photo.

A très bientôt François Ziegler.

 

bottom of page